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[Italie.] 3o. en qualité de roi des Lombards et de patrice de Rome, Charlemagne gouvernait la plus grande partie de l’Italie[1], formant depuis les Alpes jusqu’aux frontières de la Calabre une étendue de mille milles. Le duché de Bénévent, fief lombard, s’était agrandi aux dépens des Grecs sur tout le pays qui compose le royaume actuel de Naples. Mais le duc alors régnant, Arrechis, ne voulut point partager la servitude de son pays ; il se qualifia de prince indépendant, et il opposa son épée à la monarchie carlovingienne. Il se défendit avec fermeté ; sa soumissionne fut pas sans gloire, et l’empereur se contenta d’exiger de lui un tribut modique, la démolition de ses forteresses, et l’engagement de reconnaître sur ses monnaies la supériorité d’un suzerain. Grimoald, fils d’Arrechis, tout en flattant Charlemagne et lui donnant adroitement le nom de père, n’en soutint pas moins sa dignité avec prudence, et Bénévent s’affranchit peu à peu du joug des Français[2] ; [Allemagne.]4o. Charlemagne est le premier qui ait réuni la Germanie sous le même sceptre. Le nom de France orientale s’est conservé dans le cercle de Franconie, et la conformité de la religion et du gouvernement avait récemment incorporé les habitans de la Hesse et de la Thuringe à la nation des vainqueurs. Les Allemands, si formidables aux Romains, étaient

  1. Schmidt, Hist. des Allemands, t. II, p. 200, etc.
  2. Voyez Giannone, t. I, p. 374, 375 ; et les Annales de Muratori.