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de province pour reprendre toute sa majesté ; les chrétiens de l’Église latine allaient être réunis, sous un chef suprême, dans leur ancienne métropole, et les vainqueurs de l’Occident allaient recevoir leur couronne des successeurs de saint Pierre. L’Église romaine acquérait un défenseur zélé et imposant ; et sous la protection de la puissance carlovingienne, l’évêque de Rome pourrait désormais gouverner cette capitale avec honneur et sûreté[1].

Couronnement de Charlemagne en qualité d’empereur de Rome et de l’Occident. A. D. 800. Déc. 25.

Avant même la ruine du paganisme, la concurrence qui s’élevait pour le riche évêché de Rome avait souvent produit des émeutes et des massacres. À l’époque dont nous parlons, le peuple était moins nombreux, mais les mœurs étaient plus sauvages, la conquête plus importante, et les ecclésiastiques ambitieux qui aspiraient au rang de souverain, se disputaient avec fureur la chaire de saint Pierre. La longueur du règne d’Adrien Ier[2] surpassa celle du règne de ses prédécesseurs et des papes qui vinrent

  1. Fontanini ne voit dans les empereurs que les avocats de l’Église, advocatus et defensor S. R. E. (Voy. Ducange, Gloss. lat., t. I, p. 97.) Muratori, son adversaire, ne fait du pape que l’exarque de l’empereur. Selon l’opinion plus impartiale de Mosheim (Instit. Hist. ecclés., p. 264, 265), les papes tenaient Rome en qualité de vassaux de l’empire, et comme possédant la plus honorable espèce de fief ou de bénéfice : au reste, ces détails premuntur nocte caliginosâ !
  2. Une épitaphe de trente-huit vers, dont Charlemagne