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Théophile, son fils, également étranger à la crainte et à la pitié, fut le dernier et le plus cruel des iconoclastes. Les dispositions générales leur étaient alors très-défavorables, et les empereurs qui voulurent arrêter le torrent, ne recueillirent que la haine publique. Après la mort de Théophile, une seconde femme, Théodora, sa veuve, à qui il laissa la tutelle de l’empire, acheva le triomphe définitif des images. Elle prit des mesures audacieuses et décisives. Pour rétablir la réputation et sauver l’âme de son mari, elle eut recours à la supposition d’un repentir tardif. La punition des iconoclastes, qui consistait à perdre la vue, fut commuée en une fustigation de deux cents coups de fouet ; les évêques tremblèrent, les moines poussèrent des cris de joie, et l’Église catholique célèbre chaque année la fête du triomphe des images. Il ne restait plus qu’une question à discuter, savoir si elles ont une sainteté qui leur soit propre et inhérente : elle fut agitée par les Grecs du onzième siècle[1]; et cette opinion est si parfaitement absurde, que je suis étonné qu’elle n’ait pas été adoptée d’une manière plus positive. Le pape Adrien reconnut et proclama en Occident les décrets du concile de Nicée, que les catholiques révèrent aujourd’hui comme le septième des conciles œcuméniques. Rome et l’Italie furent dociles à la voix de leur père spiri-

  1. Voyez des détails sur cette controverse dans l’Alexis d’Anne Comnène (l. V, p. 129), et dans Mosheim (Instit. Hist. ecclés., p. 371, 372).