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nable forteresse de Ravenne. La ville et la forteresse furent bientôt recouvrées par l’activité des Vénitiens, habiles et puissans sur la mer, et ces fidèles sujets se rendirent aux exhortations de Grégoire, qui les engagea à séparer la faute personnelle de Léon de la cause générale de l’Empire romain[1]. Les Grecs oublièrent ce service, et les Lombards se souvinrent de cette injure. Les deux nations ennemies par leur foi formèrent une alliance dangereuse et peu naturelle ; le roi et l’exarque marchèrent à la conquête de Spolette et de Rome : cet orage se dissipa sans produire aucun effet ; mais le politique Luitprand continua à tenir l’Italie en alarmes par de perpétuelles alternatives de trêves et d’hostilités. Astolphe, son successeur, se déclara tout à la fois l’ennemi de l’empereur et du pape. Ravenne fut subjuguée par la force ou par la trahison[2], et cette conquête termina la suite des exarques, qui, depuis le temps de Justinien et la ruine du royaume des Goths, avaient exercé dans ce

  1. Deux historiens vénitiens, Jean Sagominus (Chron. Venet., p. 13) et le doge André Dandolo (Script. rer. Ital., t. XII, p. 135), ont conservé cette épître de Grégoire. Paul Diacre (De gest. Langobard., l. VI, c. 49-54, in script. Ital., t. I, part. I, p. 506-508) fait mention de la perte et de la reprise de Ravenne ; mais nos chronologistes Pagi et Muratori, etc., ne peuvent fixer l’époque de cet événement, non plus que les circonstances dont il fut accompagné.
  2. Cette incertitude est fondée sur les leçons différentes du manuscrit d’Anastase : dans l’une on lit deceperat, et dans l’autre decerpserat (Scriptor. Ital., tom. III, part. I, p. 167).