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les institutions publiques et privées des Barbares de l’Italie, malgré l’effet que le climat avait produit sur leurs mœurs, se trouvaient bien au-dessous de celles des états de la Grèce. Luitprand, roi des Lombards, donna un exemple mémorable de repentir et de dévotion. Ce vainqueur, à la tête de son armée, à la porte du Vatican, prêta l’oreille à la voix de Grégoire II[1], retira ses troupes, abandonna ses conquêtes, se rendit à l’église de Saint-Pierre, et après y avoir fait ses dévotions, déposa sur la tombe de cet apôtre son épée et son poignard, sa cuirasse et son manteau, sa croix d’argent et sa couronne d’or ; mais cette ferveur religieuse fut une illusion et peut-être un artifice du moment ; le sentiment de l’intérêt est puissant et durable. L’amour des armes et du pillage était inhérent au caractère des Lombards, et les désordres de l’Italie, la faiblesse de Rome et la profession pacifique de son nouveau chef, furent pour eux et pour leur roi un objet de tentation irrésistible. Lorsqu’on publia les premiers édits de l’empereur, ils se déclarèrent les défenseurs des images. Luitprand envahit la province de Romagne, déjà désignée alors par cette dénomination ; les catholiques de l’exarchat se soumirent sans répugnance à son pouvoir civil et militaire, et un ennemi étranger fut pour la première fois introduit dans l’impre-

  1. Sigonius (De regno Ital., l. III, opera, t. II, p. 173) prête à Grégoire un discours au roi des Lombards, où se trouvent l’audace et le courage de ceux de Salluste ou de Tite-Live.