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leur conversion le culte simple qu’ils avaient suivi avant d’avoir abjuré, et les Arméniens, les plus guerriers des sujets de Rome, n’étaient pas réconciliés, au douzième siècle, avec la vue des images[1]. Tous ces noms divers amenèrent des préventions et des haines qui produisirent peu d’effet dans les villages de l’Anatolie et de la Thrace, mais qui influèrent souvent sur la conduite du guerrier, du prélat ou de l’eunuque parvenu aux premières dignités de l’Église ou de l’état.

Léon l’Iconoclaste et ses successeurs. A. D. 726-840.

Le plus heureux de tous ces aventuriers fut l’empereur Léon III[2], qui, des montagnes de

  1. Αρμενιοις και Αλαμανοις επισης η αγιων εικονων προσκυνησις απηγορευται (Nicetas, l. II, p. 258). Les Églises d’Arménie ne font encore usage que de la croix (Missions du Levant, t. III, p. 148) ; mais sûrement le Grec superstitieux est injuste à l’égard de la superstition des Allemands du douzième siècle.
  2. C’est dans les Actes des conciles (t. VIII et IX, Collect. de Labbe, édit. de Venise) et dans les écrits historiques de Théophane, de Nicéphore, de Manassès, de Cedrenus, de Zonare, etc., qu’il faut chercher les monumens originaux de tout ce qui a rapport aux iconoclastes ; mais on ne les y trouvera pas exempts de partialité. Parmi les catholiques modernes, Baronius, Pagi, Natalis Alexander (Hist. eccl., secul., 8 et 9) et Maimbourg (Hist. des Iconoclastes) ont montré sur ce sujet autant d’érudition que de passion et de crédulité. Les recherches du protestant Frédéric Spanheim (Hist. Imaginum restituta), et de Jacques Basnage (Hist. des Églises réformées, t. II, l. XXIII, p. 1339-1385), penchent du côté des iconoclastes. D’après les secours que nous offrent les deux partis et leurs dispositions contraires, il nous est