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qu’elle dormait ou veillait dans les bras de son amant. Elle le suivit lorsqu’il alla commander dans la Cilicie, qui fut le premier théâtre de sa valeur et de son imprudence. Il pressait vivement le siége de Mopsueste ; il passait la journée à diriger les attaques les plus audacieuses, et la nuit à se livrer à la musique et à la danse, et une troupe de comédiens grecs formait la partie de sa suite à laquelle il mettait le plus de prix. Ses ennemis, plus vigilans que lui, le surprirent par une sortie inattendue ; mais, tandis que ses troupes fuyaient en désordre, Andronic, de son invincible lance, perçait les bataillons les plus épais des Arméniens. À son retour au camp impérial établi dans la Macédoine, Manuel l’accueillit en public avec un sourire de bienveillance, mais en particulier avec quelques reproches. Cependant, pour récompenser ou consoler le général malheureux, il lui donna les duchés de Naissus, Braniseba et Castoria. Sa maîtresse l’accompagnait partout : les frères de celle-ci, pleins de fureur et désirant laver leur honte dans son sang, fondirent tout à coup sur sa tente ; Eudoxie lui conseilla de prendre des habits de femme et de se sauver ; le brave Andronic ne voulut point écouter un pareil avis, et, s’élançant de son lit, il s’ouvrit, l’épée à la main, une route au travers de ses nombreux assassins. Ce fut là qu’il laissa voir, pour la première fois, son ingratitude et sa perfidie. Il entama une négociation criminelle avec le roi de Hongrie et l’empereur d’Allemagne ; il approcha de la tente de l’empereur l’épée à la main et à une heure