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plaines de la Phrygie, à la tête de leurs escadrons et de leurs détachemens respectifs. Michel ne put soutenir qu’une bataille ; il n’avait sous ses drapeaux que les mercenaires de la garde impériale, étrangers à l’intérêt public, et animés seulement par un principe d’honneur et de reconnaissance. Après leur défaite, l’empereur, plein d’effroi, demanda un traité ; et telle était la modération d’Isaac Comnène, qu’il allait y consentir ; mais Michel fut trahi par ses ambassadeurs, et Comnène averti par ses amis. Le premier, abandonné de tout le monde, se soumit à la voix du peuple ; le patriarche affranchit la nation de son serment de fidélité ; et, au moment où il rasa la tête de l’empereur, qu’on reléguait dans un monastère, il le félicita d’échanger une couronne terrestre contre le royaume du ciel ; échange toutefois que ce prêtre n’aurait probablement pas agréé pour son propre compte. Le même patriarche couronna solennellement Isaac Comnène : l’épée qu’il fit graver sur les monnaies put être regardée comme un symbole insultant, si elle désignait le droit de conquête qui avait assuré le trône à Comnène ; toutefois cette épée avait été tirée contre les ennemis de l’état, étrangers ou domestiques. L’affaiblissement de sa santé et de sa force diminuèrent son activité ; et se voyant près de la mort, il résolut de mettre quelque intervalle entre le trône et l’éternité. Mais au lieu de laisser l’empire pour dot à sa fille, sa raison et son inclination se réunissaient pour l’engager à remettre le sceptre dans les mains de son frère Jean,