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Basile II et Constantin IX. A. D. 976. Janv. 10.

Durant cette usurpation, ou si l’on veut durant cette régence de douze années, les deux empereurs légitimes Basile et Constantin, étaient parvenus sans éclat à l’âge de virilité. Leur jeunesse n’avait pas permis de laisser le pouvoir entre leurs mains ; ils s’étaient conduits envers leur tuteur avec la respectueuse modestie due à son âge et à son mérite : celui-ci, qui n’avait point d’enfans, ne songea point à les priver de la couronne ; il administra leur patrimoine fidèlement et avec habileté, et la mort prématurée de Zimiscès fut pour les fils de Romain une perte plutôt qu’un avantage. Leur défaut d’expérience les réduisit encore durant douze années à végéter dans l’obscurité, sous la tutèle d’un ministre qui prolongea sa domination en leur persuadant de se livrer aux plaisirs de la jeunesse, et leur inspirant du dédain pour les travaux du gouvernement. Le faible Constantin demeura pour toujours arrêté dans les filets de soie tendus autour de lui ; mais son frère aîné, qui sentait l’impulsion du génie et le besoin d’agir, fronça le sourcil, et le ministre disparut. Basile fut reconnu souverain de Constantinople et des provinces de l’Europe ; mais l’Asie était opprimée par Phocas et Sclerus, qui tour à tour amis ou ennemis, sujets et rebelles, maintenaient leur indépendance, et s’efforçaient d’atteindre aux succès de tant d’usurpateurs qui les avaient précédés. Ce fut contre ces ennemis domestiques que le fils de Romain fit d’abord briller son épée ; ils tremblèrent devant un prince rempli de courage et armé par les lois. Pho-