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service de l’état. Au retour de chaque printemps, il marchait en personne contre les Sarrasins ; et les Romains pouvaient aisément calculer l’emploi qui avait été fait de leurs contributions pour des triomphes, des conquêtes, et pour la sûreté de la barrière de l’Orient.

Jean Zimiscès, Basile II, Constantin IX. A. D. 969. Déc. 25.

Parmi les guerriers qui l’avaient conduit au trône et servaient sous ses drapeaux, Jean Zimiscès, brave Arménien d’une noble famille, était celui qui avait mérité et obtenu les récompenses les plus distinguées. Il était au-dessous de la taille ordinaire, mais dans cette petite stature, où se réunissaient les dons de la force et de la beauté, était renfermée l’âme d’un héros. Le frère de l’empereur, qui enviait sa fortune, le fit tomber du rang de général de l’Orient à celui de directeur des postes, et les murmures qu’il se permit à cette occasion furent punis de la disgrâce et de l’exil. Mais Zimiscès était compté parmi les nombreux amans de l’impératrice : il obtint par son crédit qu’on lui permît de demeurer à Chalcédoine, aux environs de la capitale : il eut soin, dans des visites amoureuses et clandestines, de la payer de cette preuve de ses bontés, et Théophano consentit avec joie à la mort d’un mari avare et difforme. Des conspirateurs audacieux et fidèles furent cachés dans les chambres les plus secrètes du palais : au milieu des ténèbres d’une nuit d’hiver, Zimiscès et les chefs du complot s’embarquèrent sur une chaloupe, traversèrent le Bosphore, débarquèrent aux environs du palais, et montèrent sans bruit par une échelle