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illustres, leur exécution fut publique et leur mutilation visible et permanente. Les catholiques détestaient la personne et le gouvernement de Copronyme, mais leur haine elle-même est un indice de leur oppression. Ils dissimulent les fautes ou les insultes qui purent excuser ou justifier sa rigueur ; mais ces insultes durent échauffer peu à peu sa colère et l’endurcir à l’habitude et à l’abus du despotisme. Toutefois Constantin V n’était pas dénué de mérite, et son gouvernement ne fut pas toujours digne de l’exécration ou du mépris des Grecs. Ses ennemis avouent qu’il répara un ancien aquéduc, qu’il racheta deux mille cinq cents captifs ; que les peuples jouirent sous son règne d’une abondance peu commune ; qu’il repeupla, par de nouvelles colonies, Constantinople et les villes de la Thrace : ils louent malgré eux son activité et son courage. À l’armée, on le voyait à cheval à la tête de ses légions ; et, quoique ses armes n’aient pas toujours été également heureuses, il triompha par terre et par mer, sur l’Euphrate et sur le Danube, dans la guerre civile et dans la guerre contre les Barbares. Il faut d’ailleurs, pour servir de contre-poids aux invectives des orthodoxes, mettre aussi dans la balance les louanges des hérétiques. Les iconoclastes révérèrent ses vertus ; ils le regardèrent comme un saint, et, quarante ans après sa mort, ils priaient sur son tombeau. Le fanatisme ou la supercherie propagèrent une vision miraculeuse. On publia que le héros chrétien s’était montré sur un cheval blanc, agitant sa lance contre