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Anastase abdiqua la couronne, et [Théodose III. A. D. 716. Janvier.]Théodose III, son vainqueur, se soumit à son tour à l’ascendant supérieur de Léon, général des troupes de l’Orient. On permit à Anastase et à Théodose d’embrasser l’état ecclésiastique ; l’ardeur impatiente du premier le conduisit à risquer et à perdre la vie dans une conspiration ; les derniers jours du second furent honorables et tranquilles. On ne grava sur sa tombe que ce mot : « santé, » dont la simplicité sublime exprime la confiance de la philosophie ou celle de la religion, et le peuple d’Éphèse garda long-temps le souvenir de ses miracles. Les ressources qu’offrait l’Église purent ainsi quelquefois rendre aux princes la clémence plus facile ; mais il n’est pas sûr qu’en diminuant les périls d’une ambition malheureuse, on ait travaillé pour l’intérêt public.

Léon III, l’Isaurien, A. D. 718. Mars 25.

Après m’être arrêté sur la chute d’un tyran, je vais indiquer en peu de mots le fondateur d’une nouvelle dynastie, connu de la postérité par les invectives de ses ennemis, et dont la vie publique et la vie privée sont mêlées à l’histoire des Iconoclastes. En dépit des clameurs de la superstition, l’obscurité de la naissance et la durée du règne de Léon l’Isaurien inspirent une prévention favorable au caractère de ce prince. Dans un siècle de force, l’appât de la couronne impériale aurait été propre à mettre en jeu toute l’énergie de l’esprit humain, et à produire une foule de compétiteurs aussi dignes du trône qu’ardens à y parvenir. Au milieu même de la corruption et de la faiblesse des Grecs à cette époque, la for-