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donnait à sa plume l’énergie de son épée : cette remarque peut s’appliquer à une nation, et l’on verra que le ton de l’histoire s’élève ou s’abaisse avec le courage du temps où on l’écrit.

Sa liaison avec les révolutions du monde politique.

D’après ces considérations, j’aurais abandonné sans regrets les esclaves grecs et leurs serviles historiens, si le sort de la monarchie de Byzance ne se trouvait lié d’une manière passive aux révolutions les plus éclatantes et les plus importantes qui aient changé la face du monde. Au moment où elle perdait des provinces, de nouvelles colonies et de nouveaux royaumes s’y établissaient ; les nations victorieuses prenaient ces vertus actives de la guerre ou de la paix qu’avaient délaissées les vaincus ; et c’est dans l’origine et les conquêtes, dans la religion et le gouvernement de ces peuples nouveaux, que nous devons chercher les causes et les effets de la décadence et de la chute de l’empire d’Orient. Au reste, ce nouveau plan, la richesse et la variété des matériaux, ne s’opposent point à l’unité du dessein et de la composition : semblable au musulman de Fez ou de Delhy, qui dans ses prières regarde toujours le temple de la Mecque, l’œil de l’historien ne perdra jamais Constantinople de vue. La ligne qu’il va parcourir doit nécessairement embrasser les déserts de l’Arabie et de la Tartarie ; mais le cercle qu’elle formera d’abord se resserrera définitivement aux limites toujours décroissantes de l’Empire romain.

Plan du reste de l’ouvrage.

Voici donc le plan que j’ai adopté pour les derniers volumes de cet Ouvrage. Le premier des cha-