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pensées du dévot prosterné dans la poussière. Les successeurs d’Héraclius écrasèrent les Grecs sous ce double joug ; les vices des sujets, d’après une loi d’éternelle justice, dégradèrent le tyran, et à peine les plus exactes recherches sur le trône, dans les camps et dans les écoles, conduisent à quelques noms qui méritent d’échapper à l’oubli. La pauvreté du sujet n’est pas compensée par l’habileté ou la variété des couleurs que présentent les peintres. Les quatre premiers siècles d’un intervalle de huit cents années sont demeurés pour nous dans des ténèbres qu’interrompent rarement de faibles rayons de lumière historique : de Maurice à Alexis, Basile le Macédonien est le seul prince dont la vie ait fourni le sujet d’un ouvrage séparé, et l’autorité incertaine de compilateurs plus modernes supplée mal au défaut, à la perte ou à l’imperfection des auteurs contemporains. On n’a pas à se plaindre de la disette des quatre derniers siècles ; la muse de l’histoire se ranima à Constantinople avec la famille des Comnène ; mais elle se présente chargée d’enluminures, elle marche sans élégance et sans grâce. Une multitude de prêtres et de courtisans se traînent sur les pas les uns des autres dans le sentier que leur ont tracé la servitude et la superstition : leurs vues sont étroites, leur jugement est faible ou corrompu, et on achève un volume plein d’une stérile abondance, sans connaître les causes des événemens, le caractère des acteurs, ni les mœurs du siècle qu’ils célèbrent ou dont ils se plaignent. On a observé qu’un guerrier