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ration de son pénitent. « Je confesse, dit l’empereur à genoux, je confesse que le pape est le vicaire de Jésus-Christ, le successeur de saint Pierre, et le souverain du monde ; je lui jure une véritable obéissance, et je dépose à ses pieds ma personne et mon royaume. » Son fils, son frère, le clergé, les nobles et même les femmes de la cour, répétèrent le même serment ; le patriarche latin fut comblé d’honneurs et de richesses, et ses missionnaires élevèrent leurs églises ou citadelles dans les situations les plus favorables de l’empire. Les jésuites eux-mêmes déplorent la fatale indiscrétion de leur chef, oui, oubliant la douceur de l’Évangile et la politique de son ordre, établit avec une violence précipitée la liturgie de Rome et l’inquisition du Portugal, il condamna l’ancienne pratique de la circoncision, que des motifs de santé plutôt que de superstition avaient introduite dans le climat de l’Éthiopie[1]. Il assujettit

  1. Je sais avec quelle réserve il faut traiter cet article de la circoncision ; toutefois j’affirmerai, 1o. que les Éthiopiens avaient une raison physique de circoncire les mâles, et même les femmes (Recherches philosophiques sur les Américains, t. II) ; 2o. que la circoncision était usitée en Éthiopie long-temps avant l’introduction du judaïsme ou du christianisme (Hérodote, l. II, c. 104 ; Marsham, Canon chron., p. 72, 73). « Infantes circumcidunt ob consuetudinem, non ob judaïsmum, » dit Grégoire, prêtre abyssin (apud Fabric., Lux christiana, p. 720). Cependant, dans la chaleur de la dispute, on donne quelquefois aux Portugais le nom injurieux d’incirconcis. (La Croze, p. 80 ; Ludolphe, Hist. ad Comment., l. III, c. 1.)