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tuèrent à la longue leurs menaces de retourner au culte des idoles ; le climat exigeait une religion qui leur permît la polygamie, et ils ont enfin préféré le triomphe du Koran à l’humiliation de la croix. Une religion métaphysique est peut-être au-dessus de l’intelligence d’une peuplade nègre ; cependant on peut instruire un noir tout aussi-bien qu’un perroquet à répéter les paroles du symbole de Chalcédoine ou de celui des monophysites.

Église d’Abyssinie. A. D. 530, etc.

Le christianisme avait jeté des racines plus profondes dans l’empire d’Abyssinie ; et quoique la correspondance ait souffert des interruptions de plus de soixante-dix ou cent ans, la métropole d’Alexandrie retient toujours cette Église sous sa tutelle. Sept évêques formaient jadis le synode d’Éthiopie ; s’ils s’étaient trouvés au nombre de dix, ils auraient pu nommer un primat indépendant, et un de leurs rois eut le désir de donner cette primatie à son frère ; mais on prévit la chose, et l’on se refusa à l’établissement de trois nouveaux évêchés : les fonctions épiscopales se sont insensiblement concentrées dans l’abuna[1] ou chef des prêtres de l’Abyssinie qui reçoivent de lui les ordres sacrés : quand cette place vient à vaquer, le patriarche d’Alexandrie y nomme

  1. Les Latins donnent improprement à l’abuna le titre de patriarche ; les Abyssins ne reconnaissent que les quatre patriarches, et leur chef n’est qu’un métropolitain ou un primat national. (Ludolphe, Hist. Æthiop. et Comment., l. III, c. 7.) Cet historien ne connaissait pas les sept évêques de Renaudot (p. 511), qui existaient A. D. 1131.