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pitale et la province portaient le premier ; le second comptait sur l’antériorité de son ordination, sur la faveur de l’impératrice Théodora et sur les armes de l’eunuque Narsès, qui aurait pu les employer dans une guerre plus glorieuse. Le candidat du peuple fut exilé à Carthage et en Sardaigne ; cet exil augmenta la fermentation des esprits, et cent soixante-dix ans après le commencement du schisme, les gaianites révéraient encore la mémoire et la doctrine de leur fondateur. On vit dans un furieux et sanglant combat l’avantage du nombre opposé à celui de la discipline ; les cadavres des citoyens et des soldats remplirent les rues de la métropole, les dévotes montaient sur le toit des maisons, et lançaient sur la tête de l’ennemi tout ce qu’elles rencontraient de lourd ou de tranchant ; et Narsès ne triompha enfin qu’en mettant le feu à la troisième capitale du monde romain. Mais le lieutenant de Justinien ne voulut pas qu’un hérétique recueillît les fruits de sa victoire ; Théodose ne tarda pas à être déposé quoique avec douceur, et [Paul. A. D. 538.]Paul de Tanis, moine orthodoxe, fut élevé sur le siége de saint Athanase. On l’arma, pour se soutenir, de toutes les forces du gouvernement ; il pouvait nommer ou déplacer les ducs et les tribuns d’Égypte ; il supprima les distributions de pain ordonnées par Dioclétien ; il ferma les églises de ses rivaux, et une peuplade schismatique fut privée tout à coup de la nourriture spirituelle et corporelle. De son côté, le peuple, entraîné par la vengeance et le fanatisme, excommunia ce tyran ; excepté