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persane d’Édesse à leur idiome théologique[1] ; elles étudiaient dans la version syriaque les dix mille volumes de Théodore de Mopsueste, et elles révéraient la foi apostolique et le saint martyre de son disciple Nestorius, dont la personne et la langue étaient inconnues chez les nations placées au-delà du Tigre. La première leçon d’Ibas, évêque d’Édesse, imprima dans leur esprit une horreur ineffaçable pour les Égyptiens impies, qui, dans leur concile d’Éphèse, avaient confondu les deux natures de Jésus-Christ. La fuite des maîtres et des élèves, chassés deux fois de l’Athènes de Syrie, dispersa une troupe de missionnaires, excités tout à la fois par le zèle de religion et par la vengeance. L’unité rigoureuse soutenue par les monophysites, qui, sous les règnes de Zénon et d’Anastase, avaient envahi les trônes d’Orient, provoqua leurs antagonistes, à reconnaître, dans une terre de liberté, une union morale plutôt qu’une union physique entre les deux personnes du Christ. Depuis l’époque où l’on avait prêché l’Évangile aux nations, les rois sassaniens voyaient avec inquiétude et avec méfiance une race d’étrangers et d’apostats qu’ils pouvaient soupçonner de favoriser la cause des ennemis naturels de leur pays, comme

  1. Théodore-le-Lecteur (l. II, c. 5-49, ad calcem Hist. ecclesiast.) a fait mention de cette école persane d’Édesse. Assemani (Bibliot. orient., t. II, p. 402, t. III, p. 376-378, t. IV, p. 70-924) discute avec beaucoup de clarté ce qui a rapport à son ancienne splendeur et aux deux époques de sa chute, en 431 et 489.