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verse, allumé d’abord par un sermon de Nestorius, brûle encore au fond de l’Orient, et les communions ennemies gardent toujours la foi et la discipline de leurs fondateurs. Dans l’état le plus abject d’ignorance, de pauvreté et de servitude, les nestoriens et les monophysites rejettent la suprématie spirituelle de Rome, et rendent grâce à la tolérance des Turcs, qui leur permettent d’anathématiser, d’un côté, saint Cyrille et le concile d’Éphèse, de l’autre, le pape Léon et le concile de Chalcédoine. Leur influence sur la chute de l’empire d’Orient exige quelques détails, et le lecteur pourra jeter avec quelque plaisir un coup d’œil, 1o. sur les nestoriens, 2o. sur les jacobites[1], 3o. sur les maronites, 4o. sur les Arméniens, 5o. sur les cophtes, et 6o. sur les Abyssins. Les trois premières sectes parlent la langue syriaque ; mais chacune des trois dernières emploie l’idiome de sa nation. Au reste, les habitans modernes de l’Arménie et de l’Abyssinie ne pourraient converser avec

  1. Sur ce qui regarde les monophysites et les nestoriens, j’ai de grandes obligations à la Bibliotheca orientalis Clementino-Vaticana de Joseph-Simon Assemani. Ce savant maronite alla en 1716 examiner, par ordre du pape Clément XI, les monastères de l’Égypte et de la Syrie, pour y chercher des manuscrits. Les quatre volumes in-folio qu’il a publiés à Rome, 1719-1728, ne contiennent qu’une partie de l’exécution de son vaste projet ; mais c’est peut-être la plus précieuse. Né en Syrie, il connaissait très-bien la littérature syriaque ; et quoiqu’il dépendit de la cour de Rome, on voit qu’il s’efforce d’être modéré et de bonne foi.