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et que l’ancien et légitime patrimoine des empereurs ne devait être employé qu’au maintien de ce gouvernement, duquel dépendaient, en dernière analyse, leur sûreté et leur récompense. La mutinerie avait pour instigateurs secrets mille soldats, la plupart Hérules, qui, ayant adopté la doctrine d’Arius, se trouvaient excités par le clergé de cette secte ; et le fanatisme, par son pouvoir destructeur de tout principe, consacrait la cause du parjure et de la rebellion. Les ariens déploraient la ruine de leur Église, triomphante en Afrique durant plus d’un siècle ; et ils étaient justement indignés des lois du vainqueur, qui leur interdisait le baptême de leurs enfans et l’exercice de leur culte religieux. La plus grande partie des Vandales choisis par Bélisaire oublièrent, dans les honneurs du service de l’Orient, leur pays et leur religion ; mais quatre cents d’entre eux, animés d’un généreux courage, obligèrent les officiers de la marine à changer de route à la vue de l’île de Lesbos ; ils relâchèrent au Péloponnèse ; et, après avoir échoué leur navire sur une côte déserte de l’Afrique, ils arborèrent sur le mont Aurasius l’étendard de l’indépendance et de la révolte. Tandis que les troupes de la province refusaient d’obéir aux ordres de leurs supérieurs, on conspirait à Carthage contre la vie de Salomon, qui y occupait avec honneur la place de Bélisaire ; et les ariens avaient pieusement résolu de sacrifier le tyran au pied des autels, durant la fête de Pâques et l’imposante célébration des saints mystères. La crainte ou le remords arrêta le poignard des