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des corbeaux et des vautours[1]. Instruit de cette haine qui s’accroissait chaque jour, et qui retardait l’exécution de ses grands desseins, Nushirwan-le-Juste avait donné l’ordre secret d’assassiner le roi des Laziques, de transplanter ses sujets dans une terre éloignée, et d’établir sur les bords du Phase une colonie guerrière et affectionnée ; avertis par leur vigilante inquiétude, les habitans de la Colchide prévirent et prévinrent leur ruine. La prudence plutôt que la bonté de Justinien agréa leur repentir : et il ordonna à Dagisteus d’aller, à la tête de sept mille Romains et de mille guerriers Zaniens, chasser les Perses de la côte de l’Euxin.

Siége de Pétra. A. D. 549-551.

Le siége de Pétra que le général romain entreprit immédiatement après, avec le secours des Laziques, est un des exploits les plus remarquables de ce siècle. La ville était située sur une roche escarpée, au bord de la mer, et communiquait avec la terre par un chemin très-difficile et très-étroit. La difficulté de l’approche rendait l’attaque presque impossible. Le roi de Perse avait ajouté de nouveaux ouvrages aux fortifications de Justinien, et des retranchemens

  1. Voyez Hérodote (l. I, c. 140, p. 69), qui parle avec défiance ; Larcher (t. I, p. 399-401), Notes sur Hérodote ; Procope (Persic., l. I, c. 11), et Agathias (l. II, p. 61, 62). Cet usage, conforme au Zendavesta (Hyde, De relig. Pers., c. 34, p. 414-421), démontre que la sépulture des rois de Perse (Xénophon, Cyroped., l. VIII, p. 658, τι γαρ το‌υτο‌υ μακαριωτερον το‌υ τῃ γῃ μιχθηναι) est une fiction grecque, et que leurs tombeaux n’étaient que des cénotaphes.