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la côte du Pont et de la Bithynie, de gêner et peut-être d’attaquer Constantinople, et d’engager les Barbares de l’Europe à seconder ses armes et ses vues contre l’ennemi commun du genre humain. Sous le prétexte d’une guerre avec les Scythes, il conduisit secrètement ses troupes sur les frontières de l’Ibérie ; des habitans de la Colchide les attendaient pour les guider au milieu des bois et le long des précipices du Caucase ; et à force de travail, un sentier étroit devint un grand chemin spacieux pour la cavalerie et même les éléphans. Gubazes mit sa personne et son sceptre aux pieds du roi de Perse : les habitans de la Colchide imitèrent la soumission de leur prince ; et lorsque la garnison romaine vit les murs de Pétra ébranlés, elle prévint par une capitulation la fureur du dernier assaut ; mais les Laziques découvrirent bientôt que leur impatience les avait entraînés dans des maux plus insupportables que les calamités auxquelles ils cherchaient à se soustraire. S’ils s’affranchirent du monopole du sel et du blé, ce fut par la perte de ces deux articles précieux. L’autorité d’un législateur romain fit place à l’orgueil d’un despote oriental, qui voyait avec le même dédain les esclaves qu’il avait élevés et les rois qu’il avait humiliés devant les marches de son trône. Le zèle des mages introduisit dans la Colchide l’adoration du feu ; leur intolérance provoqua la ferveur d’un peuple chrétien ; et les préjugés de la nature ou de l’éducation lui rendirent odieux l’usage d’exposer les morts au sommet d’une tour élevée pour en faire la pâture