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la mort de son père, Zathus obtint la dignité royale, par la faveur du grand roi ; mais ce pieux jeune homme, abhorrant les cérémonies des mages, vint chercher dans le palais de Constantinople, le baptême des orthodoxes, une femme de noble race et l’alliance de l’empereur Justin. On lui donna le diadème en grande cérémonie et son manteau et sa tunique de soie blanche bordée d’or, représentaient dans une riche broderie, la figure de son nouveau protecteur. Justin dissipa les soupçons de la cour de Perse, et excusa la révolte de la Colchide, en faisant valoir l’honorable prétexte de l’hospitalité et de la religion. L’intérêt des deux empires imposait aux habitans de la Colchide l’obligation de garder les passages du Caucase, où un mur de soixante milles est aujourd’hui défendu par les soldats mingréliens, qu’on relève tous les mois[1].

Révolte et repentir des habitans de la Colchide. A. D. 542-549.

Mais l’avarice et l’ambition des Romains dénaturèrent bientôt cette honorable alliance : dégradés du rang d’alliés, les Laziques sentirent le poids de la dépendance que leur rappelaient chaque jour les paroles et les actions de leurs nouveaux maîtres. Ils virent s’élever, à une journée au-delà de l’Apsarus,

  1. Jean Malala (Chron., t. II, p. 134-137) ; Théophane, p. 144 (Hist. Miscell., l. XV, p. 103). Le fait est authentique, mais la date est trop récente. En parlant de leur alliance avec la Perse, les Laziques contemporains de Justinien se servent de termes qui indiquent des temps très-anciens : εν γραμμασι μνημεια, προγονοι. — Ces mots pouvaient-ils se rapporter à une alliance dissoute depuis moins de vingt ans ?