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un jour de sabbat, où il put se reposer de ses travaux. Le sénat, le clergé et le peuple, allèrent à la rencontre du héros ; ils le reçurent avec des larmes et des acclamations, des branches d’olivier et une quantité innombrable de flambeaux ; il fit son entrée dans la capitale sur un char traîné par quatre éléphans ; et dès qu’il put se soustraire au tumulte de la joie publique, il goûta des plaisirs plus réels dans les bras de sa mère et de son fils[1].

L’année suivante fut marquée par un triomphe d’un genre bien différent, le retour de la vraie croix au saint Sépulcre. Héraclius fit en personne le pèlerinage de Jérusalem. Le prudent patriarche vérifia l’identité de la relique[2], et c’est en mémoire de cette auguste cérémonie que fut instituée la fête annuelle de l’exaltation de la croix. L’empereur, avant de porter ses pas sur les lieux consacrés par la mort de Jésus-Christ, fut averti de se dépouiller du dia-

  1. Ce refrain assommant de Corneille :

    Montrez Héraclius au peuple qui l’attend,

    conviendrait bien mieux à cette circonstance. Voyez son triomphe dans Théophane (p. 272, 273) et Nicéphore (p. 15, 16), George de Pisidie atteste l’existence de la mère et la tendresse du fils. (Bell. Abar. 255, etc., p. 49.) La métaphore du sabbat, qu’adoptèrent les chrétiens de Byzance, était un peu profane.
  2. Voyez Baronius (Annal. ecclés., A. D. 628, nos 1-4), Eutychius (Annal., t. II, p. 240-248), Nicéphore (Brev., p. 15). Les sceaux de la caisse qui le renfermait n’avaient jamais été rompus, et on attribua cette conservation de la vraie croix (après Dieu) à la dévotion de la reine Sira.