Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/48

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ce royaume fut la suite et la preuve de ses vertus. Ses vices furent ceux du despotisme oriental, et dans la longue rivalité entre Chosroès et Justinien, l’avantage du mérite et de la fortune fut presque toujours du côté du Barbare.[1]

Son amour pour les lettres.

Nushirwan, célèbre par sa justice, l’est aussi par son savoir : on disait de toutes parts qu’un disciple de Platon occupait le trône de la Perse ; et cette étrange nouvelle séduisit et trompa les sept philosophes grecs qui se rendirent à sa cour. Croyaient-ils donc qu’un prince occupé sans relâche des soins de la guerre et du gouvernement, discuterait avec une habileté égale à la leur les questions abstraites qui amusaient le loisir des écoles d’Athènes ? Pouvaient-ils espérer que la philosophie dirigeât la conduite et réprimât les passions d’un despote instruit dès son enfance à regarder sa volonté absolue et capricieuse comme la seule règle du devoir moral[2] ?

    quarante-deux mille dans la province de Khorasan. (Chardin, t. III, p. 99, 100 ; Tavernier, t. I, p. 416).

  1. Ce que nous avons dit du caractère et du gouvernement de Chosroès, est exprimé quelquefois dans les propres termes de d’Herbelot (Bibl. orient., p. 680, etc., d’après Khondemir) ; d’Eutychius (Annal., t. II, p. 179, 180), qui est très-détaillé ; d’Abulpharage (Dynast., VII, p. 94, 95), qui est très pauvre ; de Tarikh-Schikhard (p. 144-150) ; de Texeira (in Stevens, l. I, c. 35) ; d’Asseman. (Bibl. orient., t. III, p. 404-410) ; et de l’abbé Fourmont (Mém. de l’Acad. des inscript., t. VII, p. 325-334), qui a traduit un Testament authentique ou supposé de Nushirwan.
  2. Mille ans avant sa naissance, les juges de Perse avaient