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un torrent d’environ trois cents pieds de large ; le pont était fortifié par de grosses tours, et des archers garnissaient les rivages. Après une attaque meurtrière qui dura jusqu’au soir, les Romains triomphèrent, et l’empereur tua de sa main et jeta dans le Sarus un Persan d’une taille gigantesque. Ses ennemis épouvantés se dispersèrent ; il continua sa marche jusqu’à Sébaste en Cappadoce ; et au bout de trois ans, la même côte de l’Euxin qui l’avait vu partir, le vit avec joie revenir de cette longue et victorieuse expédition[1].

Constantinople est délivrée des Persans et des Avares. A. D. 626.

Au lieu d’escarmoucher sur les frontières, les deux monarques, qui se disputaient l’empire d’Orient, cherchaient à se porter des coups mortels dans le centre de leurs états. La Perse avait perdu beaucoup de monde dans les marches et les combats de vingt années, et plusieurs des vétérans, échappés au glaive et au climat, se trouvaient renfermés dans les forteresses de l’Égypte et de la Syrie ; mais la vengeance et l’ambition de Chosroès épuisèrent son royaume ; de nouvelles levées, où furent également compris les sujets, les étrangers et les esclaves, lui fournirent trois redoutables armées[2]. La première,

    plethres, à vingt parasanges de Tarse. Le Pyrame, qui avait un stade de largeur, courait cinq parasanges plus à l’est. (Xénophon, Anabas., l. I, p. 33, 34.)

  1. George de Pisidie (Bell. Abaricum, 246-265, p. 49) vante avec raison le courage persévérant des trois campagnes (τρεις περιδρομο‌υς) contre les Perses.
  2. Pétau (Annotation. ad Nicephorum, p. 62, 63, 64)