Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/457

Cette page a été validée par deux contributeurs.

donner le terrain et le soleil, une attente trompée et la juste confiance de leurs ennemis ; les Romains répétèrent habilement sur le champ de bataille leurs exercices de guerre[1], et l’issue de la journée apprit au monde entier qu’on pouvait vaincre les Persans, et qu’un héros était revêtu de la pourpre. Fort de sa victoire et de sa renommée, Héraclius gravit hardiment les hauteurs du mont Taurus, traversa les plaines de la Cappadoce, et établit ses quartiers d’hiver dans une position sûre et dans un canton bien approvisionné sur les bords de l’Halys[2]. Son âme était bien au-dessus du vain désir d’étaler à Constantinople un triomphe imparfait ; mais la capitale avait besoin de sa présence pour arrêter les mouvemens et les dévastations des Avares.

Sa seconde expédition. A. D. 623, 624, 625.

Depuis les jours de Scipion et d’Annibal, on n’avait rien vu d’aussi hardi que l’entreprise conçue par Héraclius pour la délivrance de l’empire[3]. Per-

  1. Foggini soupçonne (Annotat., p. 31) que les Persans furent trompés par la φαλανξ πεπληγμενη d’Élien (Tactique, p. 48), mouvement spiral et compliqué que faisaient les troupes. Il observe (p. 28) que les descriptions militaires de George de Pisidie se trouvent copiées dans la Tactique de l’empereur Léon.
  2. George de Pisidie, témoin oculaire, a décrit en trois acroaseis ou chants, la première expédition d’Héraclius. (Acroas. II, 222, etc.) Son poëme a été publié à Rome en 1777 ; mais les vagues éloges et les déclamations qu’on y trouve, sont bien loin de répondre aux belles espérances qu’avaient conçues Pagi, d’Anville, etc.
  3. Théophane (p. 256) porte Héraclius très-prompte-