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Les garnisons dispersées des villes maritimes et des montagnes pouvaient se rendre en peu de temps, et sans danger, sous les drapeaux de l’empereur. Les fortifications naturelles de la Cilicie protégeaient et même cachaient le camp d’Héraclius, qui se trouvait près d’Issus, sur le terrain où l’armée de Darius avait été vaincue par Alexandre. L’angle qu’il occupait touchait au centre d’un vaste demi-cercle formé par les provinces de l’Asie, de l’Arménie et de la Syrie, et sur quelque point de la circonférence qu’il voulût diriger son attaque, il lui était facile de dissimuler ses mouvemens et de prévenir ceux de l’ennemi. Dans son camp d’Issus, le général romain s’appliqua à corriger la paresse et la licence des vétérans, et à instruire ses nouvelles recrues dans la théorie et la pratique des vertus militaires. Arborant l’image miraculeuse de Jésus-Christ, il les exhorta à venger les saints autels profanés par les adorateurs du feu ; il les appela des tendres noms de fils et de frères, et déplora devant eux les malheurs publics et privés de la nation. Il sut persuader aux sujets d’un monarque absolu qu’ils combattaient pour la cause de la liberté ; et cet enthousiasme se communiqua à des mercenaires étrangers, qui devaient voir, avec une

    roles de Cicéron : « Castra habuimus ea ipsa quæ contra Darium habuerat apud Issum Alexander, imperator, haud paulo melior quam tu aut ego.» (Ad Atticum, v. 20.) La prospérité d’Alexandrie ou de Scanderoon, située de l’autre côté de la baie, ruina Issus, qui était riche et florissante au temps de Xénophon.