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salut à l’extrême vitesse de son cheval. Les Avares poursuivirent les Romains d’une manière si rapide, qu’ils arrivèrent presque à la porte d’Or de Constantinople en même temps que la foule qui fuyait devant eux[1]. Le pillage des faubourgs récompensa leur trahison, et ils transportèrent au-delà du Danube environ deux cent soixante-dix mille captifs. L’empereur eut sur le rivage de Chalcédoine une conférence plus sûre avec un ennemi plus honorable, [Il sollicite la paix.]Sain, général persan, qui, avant même qu’Héraclius descendît de sa galère, plein de respect et de compassion, le salua avec les honneurs dus à la majesté impériale ; il lui offrit amicalement de conduire une ambassade auprès du grand roi, ce que l’empereur accepta avec la plus vive reconnaissance : le préfet du prétoire, le préfet de la ville, et un des premiers ecclésiastiques de l’église patriarchale[2], demandèrent humblement une amnistie et la paix. Malheureusement Sain s’était mépris sur les intentions de son maître. « Ce n’était pas une ambassade, dit le tyran de l’Asie, mais Héraclius enchaîné qu’il fallait amener au pied de mon trône ; tant que l’empereur

  1. La Chronique de Paschal, qui place quelquefois des morceaux d’histoire au milieu d’une liste stérile de noms et de dates, décrit très-bien la trahison des Avares (p. 389, 390). Nicéphore donne le nombre des captifs.
  2. Des pièces originales, telles que la harangue ou la lettre des ambassadeurs romains (p. 386-388), rendent intéressante la Chronique de Paschal, qui fut composée sous le règne d’Héraclius, peut-être à Alexandrie.