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mina par la mort de l’empereur lui-même, qui fut égorgé dans la vingtième année de son règne, et la soixante-troisième de son âge. On jeta dans la mer son corps et celui de ses cinq enfans ; on exposa leurs têtes sur les murs de Constantinople aux outrages ou à la pitié de la multitude, et ce ne fut que lorsqu’on aperçut des signes de putréfaction, que Phocas se prêta à ce que ces restes vénérables reçussent en secret la sépulture. La générosité publique ensevelit dans ce tombeau les fautes et les erreurs de Maurice ; on ne se souvint plus que de ses malheurs ; et vingt ans après, sa déplorable histoire, racontée par Théophylacte, arracha les larmes d’une nombreuse assemblée[1].

Phocas, empereur. A. D. 602, 23 nov. A. D. 610, 4 octobr.

Ces larmes coulèrent sans doute en secret ; une telle compassion eût été criminelle sous le règne de Phocas, reconnu souverain par les provinces de l’Orient et de l’Occident. Son portrait et celui de Léontia, son épouse, furent exposés à la vénération du clergé et du sénat dans la basilique de Latran, et déposés ensuite dans le palais des Césars, entre ceux de Constantin et de Théodose. En qualité de sujet et de chrétien, Grégoire devait se soumettre au gouvernement établi ; mais les joyeuses félicitations par

    après quelques années d’intervalle. (Anecdot. dramat., t. I, p. 422.)

  1. Théophylacte Simocatta (l. VIII, c. 7-12), la Chronique de Paschal (p. 379-380), Théophane (Chronograph., p. 238-244), Zonare (t. II, l. XIV, p. 77-80) et Cedrenus (p. 393-404) racontent la révolte de Phocas et la mort de Maurice.