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qu’il lui avait donné pour collègue[1]. En cinq batailles, qui semblent avoir été conduites avec habileté et avec courage, Priscus fit prisonniers dix-sept mille deux cents Barbares ; il leur tua près de soixante mille hommes, parmi lesquels se trouvaient les quatre fils du chagan ; il surprit un paisible canton des Gépides, qui se croyait en sûreté sous la protection des Avares ; et c’est sur les bords du Danube et de la Theiss qu’il érigea ses derniers trophées. Depuis la mort de Trajan, les armes de l’empire n’avaient pas pénétré si avant dans l’ancienne Dacie : cependant les victoires de Priscus furent passagères et infructueuses ; il fut bientôt rappelé dans la crainte que Baian ne vînt, avec son indomptable intrépidité et de nouvelles forces, venger sa défaite sous les murs de Constantinople[2].

État des armées romaines.

Les camps de Justinien et de Maurice[3] connais-

  1. Voyez les exploits de Priscus, l. VIII, c. 2, 3.
  2. On peut suivre les détails de la guerre entre les Avares dans les premier, second, sixième, septième et huitième livres de l’Histoire de l’empereur Maurice, par Théophylacte Simocatta. Il écrivait sous le règne d’Héraclius, et il ne pouvait avoir la tentation de flatter ; mais son défaut de jugement le rend diffus sur des bagatelles, et concis sur les faits les plus intéressans.
  3. Maurice lui-même composa douze livres sur l’art militaire, qui subsistent encore, et qui ont été publiés (Upsal, 1664) par Jean Schæffer, à la fin de la Tactique d’Arrien (Fabricius, Bibl. græca, l. IV, c. 8, t. III, p. 278, qui promet de s’étendre davantage sur cet ouvrage quand il en trouvera l’occasion convenable).