Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/415

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nople la distance est de six cents milles ; le fer et la flamme ravagèrent tout ce pays. Les chevaux des Avares se baignaient alternativement dans l’Euxin et dans la mer Adriatique ; et le pontife de Rome, alarmé de l’approche d’un ennemi plus farouche[1], se vit forcé de regarder les Lombards comme les protecteurs de l’Italie. Un captif, désespéré de n’avoir point été racheté, enseigna aux Avares l’art de fabriquer et d’employer les machines de guerre[2] : ils ne mirent d’abord ni beaucoup d’industrie à les construire, ni beaucoup d’adresse à s’en servir ; et la résistance de Dioclétianopolis, de Berée, de Philippopolis et d’Andrinople, épuisa promptement le savoir et la patience des assiégeans. Baian faisait la guerre en Tartare, mais il était susceptible d’humanité et de sentimens élevés ; il épargna Anchialus, dont les eaux salutaires avaient rétabli la santé de celle de ses femmes qu’il chérissait le plus ; et les Romains avouent que leur armée, épuisée par la disette, fut épargnée et nourrie par la générosité de leur ennemi. Il donnait des lois à la Hongrie, à la Pologne et à la Prusse, depuis l’embouchure du

  1. Baronius, Ann. eccles., A. D. 600, no 1. Paul Warnefrid (l. IV, c. 38) raconte l’incursion des Avares dans le Frioul, et (c. 39) la captivité de ses ancêtres, A. D. 632. Les Esclavons traversèrent la mer Adriatique, cum multitudine navium, et firent une descente sur le territoire de Sipontin (c. 47).
  2. Il leur enseigna même l’usage de l’hélépolis ou de la tour mobile. (Théophylacte, l. II, c. 16, 17.)