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bientôt le châtiment qu’il mérite. Tandis qu’il sollicite mon amitié par des paroles flatteuses et perfides, il s’est ligué avec mes fugitifs Varchonites. Si je daigne marcher contre ces misérables esclaves, le bruit de nos fouets les fera trembler. Mes innombrables cavaliers les écraseront comme des fourmis sous les pieds de leurs chevaux. Je sais la route qu’ils ont suivie pour envahir une partie de votre empire ; et je ne serai point trompé par ce vain préjugé que le Caucase sert de barrière aux Romains, et que cette barrière est imprenable ; je suis instruit du cours du Niester, du Danube et de l’Hèbre. Les nations les plus guerrières ont cédé aux Turcs ; et tous les pays qu’éclaire le soleil, depuis son lever jusqu’à son coucher, forment mon héritage. » Malgré cette menace, les Turcs et les Romains ne tardèrent pas à renouveler une alliance conseillée par leurs mutuels intérêts. Mais l’orgueil du khan dura plus que sa colère ; et en annonçant à son ami l’empereur Maurice la nouvelle d’une conquête importante, il se qualifia de maître des sept races, et de souverain des sept climats de la terre.[1]

État de la Perse. A. D. 500-530.

Le titre de roi du monde a produit souvent des disputes entre les souverains de l’Asie ; et ces disputes mêmes prouvent qu’il n’appartenait à aucun

  1. Tous ces détails sur les ambassadeurs des Turcs et des Romains, si curieux dans l’histoire des mœurs des hommes, sont tirés des Extraits de Ménandre (p. 106-110, 151-154, 161-164), où l’on regrette souvent le défaut d’ordre et de liaison.