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nière. La conversion imaginaire du roi de Perse se réduisit à une dévotion locale et superstitieuse pour Sergius[1], l’un des saints d’Antioche, qui, dit-on, exauçait ses prières et lui apparaissait en songe. Ses offrandes en or et en argent enrichirent la châsse du saint ; il attribua à ce protecteur invisible le succès de ses armes et la grossesse de Sira, chrétienne fervente, et celle de ses femmes qu’il aimait le plus[2]. La beauté de Sira ou Schirin[3], son esprit, ses talens pour la musique, sont célèbres dans l’histoire, ou plutôt dans les romans de l’Orient ; son nom,

  1. On dit que Sergius et Bacchus son compagnon, obtinrent la couronne du martyre durant la persécution de Maximien ; on leur rendit les honneurs divins en France, en Italie, à Constantinople et dans l’Orient. Leur tombeau, qu’on voyait à Rasaphe, était célèbre par ses miracles ; et on donna à cette ville de Syrie le nom plus honorable de Sergiopolis. (Tillemont, Mém. ecclés., t. V, p. 491-496 ; Butler, Saints, vol. X, p. 155.)
  2. Evagrius (l. VI, c. 21) et Théophylacte Simocatta (l. V, c. 13, 14) ont conservé les lettres originales de Chosroès, écrites en grec, signées de sa main, et inscrites ensuite sur des croix et des tables d’or, qu’on déposa dans l’église de Sergiopolis. Elles avaient été adressées à l’évêque d’Antioche, en qualité de primat de la Syrie.
  3. Les Grecs disent seulement qu’elle était d’extraction romaine, et qu’elle avait embrassé le christianisme. Mais les romans de la Perse et de la Turquie la donnent pour la fille de l’empereur Maurice : ils décrivent les amours de Khosrou pour Schirin, et celles de Schirin pour Ferhad, le plus beau des jeunes hommes de l’Orient. (D’Herbelot, Bibl. orient., p. 789, 997, 998.)