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sonnel. Dès que Bahram eut réuni ses forces dispersées, un messager du prince lui apporta en présent une quenouille, un rouet et un vêtement de femme. Selon la volonté de son souverain, il se montra aux soldats revêtu de cet indigne habit : irrités d’un outrage qui rejaillissait sur eux, ils poussèrent de toutes parts des cris de révolte, et Bahram reçut le serment qu’ils prononcèrent de lui demeurer fidèles et de le venger. Un second messager, qui avait ordre d’enchaîner le rebelle, fut foulé aux pieds d’un éléphant ; [Sa rebellion.]et l’on fit de toutes parts circuler des manifestes exhortant les Perses à défendre leur liberté contre un tyran odieux et méprisable. La défection fut rapide et universelle ; le petit nombre des sujets demeurés fidèles à Hormouz et à l’esclavage tombèrent victimes de la fureur publique ; les soldats se réunirent sous le drapeau de Bahram, et les provinces saluèrent une seconde fois le libérateur de leur pays.

Déposition et emprisonnement d’Hormouz.

Comme les passages étaient bien gardés, Hormouz ne pouvait connaître le nombre de ses ennemis que par les remords de sa conscience, et par le calcul journalier des défections de ceux de ses courtisans que l’heure de sa détresse avertissait de venger les injures ou d’oublier les bienfaits qu’ils avaient reçus. Il voulut orgueilleusement déployer les signes de la royauté ; mais la ville et le palais de Modain ne reconnaissaient déjà plus le tyran. Bindoès, prince de la maison de Sassan, avait été une des victimes de sa cruauté ; il l’avait fait jeter dans un cachot : dé-