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1o. L’Église de Rome, ainsi que je l’ai observé ailleurs, possédait de riches domaines en Italie, en Sicile et dans les provinces les plus éloignées, et ses agens, qui étaient ordinairement des sous-diacres, avaient acquis une juridiction civile et même criminelle sur ses vassaux et ses colons. [Ses domaines.]Le successeur de saint Pierre administrait son patrimoine avec les soins d’un propriétaire vigilant et modéré[1]. Les Épîtres de saint Grégoire sont remplies des plus salutaires recommandations, telles que celles d’éviter les procès douteux ou vexatoires, de maintenir l’intégrité des poids et des mesures, d’accorder tous les délais raisonnables, et de réduire la capitation des esclaves de la glèbe, qui, au moyen d’une somme fixée arbitrairement, achetaient le droit de se marier[2]. Le revenu ou les productions de ces domaines arrivaient à l’em-

  1. Baronius ne veut donner aucun détail sur ces domaines de l’Église, de peur, sans doute, de montrer qu’ils étaient composés de fermes et non pas de royaumes. Les écrivains français, les bénédictins (t. IV, l. III, p. 272, etc.), et Fleury (t. VIII, p. 29, etc.), ne craignent pas d’entrer dans ces modestes mais utiles détails ; et l’humanité de ce dernier insiste sur les vertus sociales de saint Grégoire.
  2. Je suis bien tenté de croire que cette amende pécuniaire sur le mariage des vilains a produit le droit fameux et souvent fabuleux de cuissage, de marquette, etc. Peut-être que, dans ces temps grossiers, une belle épousée se livrait à son jeune maître, de l’aveu de son mari, pour s’affranchir de la dette ; et cet accord mutuel aura pu servir d’exemple pour autoriser quelques actes de tyrannie locaux et non pas légaux.