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liaires ; un assez grand nombre de nouvelles idées ont été exprimées par des termes teutoniques, mais le principal fond des mots techniques et familiers vient du latin[1] ; et si nous connaissions assez le dialecte rustique, le dialecte ancien de l’Italie et les divers dialectes de ses différentes villes municipales, nous remonterions à l’origine d’une foule de mots qu’aurait peut-être rejetés la pureté classique des auteurs de Rome. Une armée nombreuse ne forme qu’une petite nation, et la puissance des Lombards fut bientôt diminuée par la retraite de vingt mille Saxons, qui, méprisant une situation dépendante, retournèrent dans leur patrie[2] à travers un grand nombre de périlleuses aventures. Le camp d’Alboin était d’une étendue formidable ; mais une ville contiendrait aisément le camp le plus étendu ; et, répandus dans une vaste contrée, les guerriers qui le composent ne peuvent être que clairsemés sur toute la surface du pays. Lorsque Alboin descendit des Alpes, il établit son neveu duc de Frioul, et lui donna le commandement de la province et du peuple ; mais le sage Gisulf n’accepta ce dangereux emploi que sous la condition qu’on lui permettrait de choi-

  1. Maffei (Verona illust., part. I, p. 310-321), et Muratori (Antich. Ital., t. II, Dissert. 32, 33, p. 71-365) ont soutenu les prétentions de la langue latine ; le premier avec enthousiasme, et le second avec modération ; et dans cette discussion ils ont déployé l’un et l’autre du savoir, de l’esprit et de l’exactitude.
  2. Paul, De gest. Langobard., l. III, c. 5, 6, 7.