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empereurs ; elle leur demandait sans cesse des secours qui les forçaient à l’humiliant aveu de leur faiblesse. La dignité de Rome expirait, et on ne la trouvait plus que dans la liberté et l’énergie de ses plaintes. « Si vous n’êtes pas en état, disait-elle, de nous délivrer du glaive des Lombards, sauvez-nous du moins des maux de la famine. » Tibère lui pardonna ses reproches, et la soulagea dans sa détresse : des blés de l’Égypte arrivèrent à l’embouchure du Tibre ; et le peuple romain, au lieu du nom de Camille, invoquant celui de saint Pierre, repoussa les Barbares qui vinrent attaquer ses murs ; mais ces secours furent passagers, et le danger était continuel et pressant. Le clergé et le sénat rassemblèrent une somme de six mille marcs d’or qui composaient les débris de leur antique richesse, et le patricien Pamphronius vint déposer ce présent et les plaintes de la ville au pied du trône de Byzance. La guerre de Perse occupait l’attention de la cour et les forces de l’Orient ; mais la justice de Tibère employa ces six mille marcs d’or à la défense de Rome : il dit à Pamphronius, en le renvoyant, que le meilleur avis qu’il pût lui donner, c’était de corrompre les chefs Lombards, ou d’acheter le secours des rois de France. Malgré ce faible expédient la détresse de l’Italie continua ; Rome fut assiégée de nouveau, et les troupes d’un simple duc de Spolette pillèrent et envahirent le faubourg de Classe, situé à trois milles de Ravenne. Maurice reçut une seconde députation de prêtres et de sénateurs ; le pontife de Rome retra-