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Les soldats avaient été irrités de la disgrâce de leur général, et ils déplorèrent sa perte. Ils ne connaissaient pas leur nouvel exarque, et Longin ignorait aussi l’état de l’armée et celui de la province. L’année précédente la peste et la famine avaient désolé l’Italie ; et le peuple mécontent attribuait les calamités de la nature aux crimes ou à l’imprudence de ses administrateurs[1].

Les Lombards font la conquête d’une grande partie de l’Italie. A. D. 568-570.

Quels que fussent les motifs de sa sécurité, Alboin comptait bien ne pas trouver une armée romaine devant lui, et cette espérance ne fut pas trompée. Lorsqu’il fut au sommet des Alpes Juliennes, il regarda avec avidité et avec mépris ces fertiles plaines auxquelles ses victoires ont donné le nom de Lombardie. Il plaça un commandant fidèle et une troupe choisie au Forum Julii, le Frioul de la géographie moderne, pour garder les défilés des montagnes. Il ne voulut point se hasarder contre les forces de Pavie, et il écouta les prières des Trévisans : suivi de cette multitude, retardée dans sa marche par un lourd bagage, il vint occuper le palais et la ville de Vérone ; et six mois après son départ de la Pannonie, il investit avec toute son armée Milan qui renaissait de ses cendres. La terreur le précédait ; il trouvait déserts les cantons où il portait ses pas, ou bien il en faisait une effrayante solitude, et les pusillanimes

  1. Paul Diacre expose dans le dernier chapitre de son premier livre et les sept premiers chapitres du second, les desseins de Narsès et des Lombards, relativement à l’invasion de l’Italie.