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claves qui tombèrent au pouvoir des Avares furent moins heureux que ceux qui eurent les Lombards pour maîtres : la générosité de ceux-ci adoptait un ennemi valeureux, et leur liberté se trouvait incompatible avec une tyrannie froide et réfléchie. La moitié du butin introduisit dans le camp des Lombards plus de richesses qu’ils n’en pouvaient compter par les lents et grossiers calculs de leur arithmétique. La belle Rosamonde se laissa engager ou forcer à reconnaître les droits d’un amant victorieux, et la fille de Cunimund parut oublier des crimes qu’on pouvait imputer à ses irrésistibles charmes.

Alboin entreprend la conquête de l’Italie. A. D. 567.

La destruction d’un puissant royaume établit la réputation d’Alboin. Au temps de Charlemagne, les Bavarois, les Saxons et les autres tribus qui parlaient la langue teutonique, chantaient encore les ballades qui rappelaient les vertus héroïques, la valeur, la générosité et la fortune du roi des Lombards[1]. Mais son ambition n’était pas satisfaite, et des

  1. Ut hactenus etiam tam apud Bajoariorum gentem quam et Saxonum sed et alios ejusdem linguæ homines… in eorum carminibus celebretur. (Paul, l. I, c. 27.) Il mourut, A. D. 799. (Muratori, In Præfat., t. I, p. 397.) Ces chansons des Germains, dont quelques-unes pouvaient remonter au temps de Tacite (De morib. Germ., c. 2), furent compilées et transcrites par ordre de Charlemagne. Barbara et antiquissima carmina, quibus veterum regum actus et bella canebantur scripsit memoriæque mandavit. (Eginhard, in vit. Car. Magn., c. 29, p. 130, 131.) Les poëmes dont Goldast fait l’éloge (Animad. ad Eginhard, p. 207), paraissent être des romans modernes, qui ne sont dignes que du mépris.