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probablement dans cette étrange visite la fille de Cunimund, qui bientôt après monta sur le trône des Gépides. Elle s’appelait Rosamonde, nom bien convenable à la beauté, et que l’histoire ainsi que les romans ont consacré aux récits d’amour. Alboin, devenu peu après roi des Lombards, devait épouser la petite-fille de Clovis ; mais les liens de la bonne foi et de la politique cédèrent bientôt à l’espoir de posséder la belle Rosamonde, et d’insulter sa famille et sa nation. Il employa sans succès l’art de la persuasion ; mais son impatiente ardeur, à l’aide de la force et de la ruse, lui procura l’objet de ses désirs. Il prévoyait que la guerre serait la suite de cet attentat, il la désirait ; mais les Lombards ne purent soutenir l’attaque furieuse des Gépides qu’appuyait une armée romaine. L’offre d’épouser Rosamonde fut rejetée avec mépris ; il se vit contraint d’abandonner sa proie et de partager le déshonneur qu’il avait imprimé sur la maison de Cunimund[1].

Les Lombards et les Avares tuent le roi des Gépides, et détruisent le royaume. A. D. 566.

Lorsque des injures particulières enveniment une querelle publique, les coups qui ne sont pas mortels ou décisifs ne produisent qu’une trêve de peu de durée, pendant laquelle on aiguise ses armes pour combattre de nouveau. Alboin n’ayant pas assez de force pour satisfaire son amour, son ambition et sa vengeance, implora les formidables secours du cha-

  1. Cette histoire est racontée en détail par un imposteur (Theophylact. Simocat., l. VI, c. 10) ; mais cet imposteur a eu l’adresse d’établir ses fictions sur des faits publics et notoires.