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des dettes et de l’usure, genre de bienfaits justement assurés de la plus vive reconnaissance, puisqu’il fait cesser les maux les plus intolérables ; mais qui expose souvent le prince trompé dans sa bonté à faire tomber ses faveurs sur le fourbe ou le prodigue[1].

Ambassade des Avares. A. D. 566.

Le septième jour de son règne, Justin donna audience aux ambassadeurs des Avares ; et pour frapper les Barbares d’étonnement, de respect et de terreur, on eut soin de rendre cette cérémonie très-pompeuse. Depuis la porte du palais, ses cours spacieuses et ses longs portiques offraient de tous côtés les casques élevés et les boucliers dorés des gardes, qu’on voyait présenter leurs piques et leurs haches de bataille avec plus de confiance qu’ils ne l’auraient fait un jour de combat. Les officiers chargés de quelque partie du pouvoir du prince ou du service de sa personne, revêtus de leurs plus magnifiques habits, étaient placés selon l’ordre militaire et civil de la hiérarchie. Lorsqu’on leva le voile du sanctuaire, les ambassadeurs virent l’empereur d’Orient sur son trône, placé sous un dais ou dôme soutenu de quatre colonnes, et surmonté d’une figure ailée de la Victoire. Dans le premier mouvement de leur surprise, ils se soumirent à la servile adoration de la cour de Byzance ; mais du moment où ils se furent relevés, Targetius, leur chef, s’exprima avec la

  1. Théophane, Chronograph., p. 205. Il est inutile d’alléguer le témoignage de Cedrenus et de Zonare, lorsqu’ils ne sont que compilateurs.