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commencement du septième siècle de Rome, il fallut rétablir un tribunal perpétuel : quatre préteurs furent revêtus, pour une année, du droit de juger les graves délits de trahisons, d’extorsion, de péculat et de corruption. Sylla créa de nouveaux préteurs, et étendit leur juridiction sur ces crimes qui attentent d’une manière plus directe à la sûreté des individus. Les inquisiteurs préparaient et dirigeaient l’instruction ; mais ils ne pouvaient que prononcer la sentence rendue à la majorité par des juges que la prévention, aidée d’une sorte de ressemblance, a voulu comparer aux jurés de l’Angleterre[1]. [Juges choisis.]Pour remplir cette importante mais pénible fonction, le préteur formait chaque année une liste de citoyens d’une ancienne famille, et respectables par leur conduite. Après une longue lutte entre les divers pouvoirs de l’état, on les tira en nombre égal du sénat, de l’ordre équestre et du peuple : on en nomma jusqu’à quatre cent cinquante pour chaque genre d’affaires, et les différens rôles ou décuries de juges devaient contenir les noms de plusieurs milliers de Romains, qui représentaient l’autorité judiciaire de l’état. Dans chaque cause particulière, on en faisait

  1. Les fonctions des juges de Rome, comme celles des jurés de l’Angleterre, ne pouvaient être considérées que comme un devoir passager, et non pas comme une magistrature ou une profession ; mais l’unanimité des suffrages est particulière aux lois de la Grande-Bretagne, qui exposent les jurés à une espèce de torture, tandis qu’elles en ont affranchi les criminels.