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l’assassinat, à la sorcellerie ou au parricide. Ceux qui dans la pédérastie jouaient le rôle passif ou actif, furent assujettis aux mêmes peines ; et tous les coupables, de condition libre ou de condition servile, furent noyés, décapités ou jetés vivans au milieu des flammes vengeresses. L’indulgence presque générale, sur ce point, épargna les adultères ; mais la pieuse indignation du public poursuivit ceux qui se livraient à l’amour de leur propre sexe. Les mœurs impures de la Grèce dominaient toujours dans les villes de l’Asie, et le célibat des moines et du clergé fomentait tous les vices. Justinien diminua du moins la peine de l’infidélité des femmes ; on ne condamnait plus l’épouse criminelle qu’à la solitude et à la pénitence, et son mari était le maître de la rappeler deux ans après ; mais ce même empereur se déclara l’ennemi implacable du vice contre nature, et la pureté de ses motifs peut à peine excuser la cruauté de ses persécutions[1]. Contre tout principe de justice, il donna à ses édits un effet rétroactif, en accordant seulement un intervalle de peu de durée pour avouer le crime et en demander pardon. On faisait punir douloureusement les délinquans par l’amputation de la partie coupable, ou l’insertion de pointes aiguës dans les pores et les tubes les plus sensibles, et Justinien défendait cette cruauté en disant, que s’ils avaient été convaincus de sacrilége, on les aurait

  1. Justinien, Novell. 77, 134, 141 ; Procope, in Anecd., c. 11-16, avec les Notes d’Alemannus ; Théophane, p. 151 ; Cedrenus, p. 368 ; Zonare, l. XIV, p. 64.