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vilége d’un Romain, Galba le fit suspendre à une croix plus belle et plus élevée[1]. Des rescrits émanés du trône, décidaient de temps à autre, les questions qui, par leur nouveauté et leur importance, semblaient être au-dessus du pouvoir et du discernement d’un proconsul. On ne déportait et on ne décapitait que les personnes d’un rang honorable ; les criminels des autres classes étaient pendus ou brûlés, enterrés dans des mines, ou exposés aux bêtes de l’amphithéâtre. On poursuivait et on exterminait, comme des ennemis de la société, les voleurs armés : détourner des chevaux ou du bétail était un crime capital[2] ; mais on ne voyait jamais dans le vol simple qu’un délit civil et une offense particulière. Les caprices des hommes revêtus de l’autorité fixaient trop souvent le degré du délit et la forme du châtiment, et on laissait les sujets dans l’ignorance des dangers auxquels les exposait chaque action de leur vie.

  1. C’était un tuteur qui avait empoisonné son pupille. Le crime était atroce ; cependant Suétone (c. 9) met ce châtiment au nombre des actions où Galba se montra acer, vehimens, et in delectis coercendis immodicus.
  2. Les Abactores ou Abigeatores, qui détournaient un cheval, deux jumens ou deux bœufs, cinq cochons ou dix chèvres, encouraient une peine capitale (Paul, Sentent. recept., l. IV, tit. 18, p. 497, 498). Adrien (ad Concil. Bœtic.) plus sévère, en raison de la fréquence du délit, condamne les criminels, ad gladium, ludi damnationem (Ulpien, De officio proconsulis, l. VIII, in Collatione legum mosaïcarum et romanarum, tit. II, p. 235).