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mille livres sterling ; et telle fut la modération des lois, des juges, et peut-être de l’accusateur lui-même[1], que de la treizième partie de son butin, Verrès acheta la liberté d’aller vivre dans un doux et voluptueux exil[2].

On rétablit les peines capitales.

Le dictateur Sylla, qui, au milieu de ses triomphes sanguinaires, voulait réprimer la licence plutôt qu’opprimer la liberté des Romains, essaya le premier, mais d’une manière imparfaite, de rétablir la proportion des délits et des peines. Il se vantait d’avoir proscrit arbitrairement quatre mille sept cents citoyens[3] : mais en qualité de législateur, il respecta les préjugés de son temps ; et au lieu de

  1. Cicéron évalua d’abord les dommages de la Sicile à millies (huit cent mille livres sterling, Divinatio in Cæcilium, c. 5) ; il les réduisit ensuite à quadraginties (trois cent vingt mille livres sterl., première harangue, in Verrem, c. 18) ; et enfin il se contenta de tricies (vingt-quatre mille livres sterling). Plutarque (in Cicéron., t. III, p. 1584) n’a pas dissimulé les soupçons et les bruits qui coururent alors.
  2. Verrès passa environ trente années dans son exil jusqu’au second triumvirat, époque où il fut proscrit par le bon goût de Marc-Antoine, qui s’était épris de sa belle vaisselle de Corinthe. (Pline, Hist. nat., XXXIV, 3.)
  3. Tel est le nombre indiqué par Valère-Maxime (l. IX, c. 2, no 1). Florus (IV, 21) dit que deux mille sénateurs et chevaliers furent proscrits par Sylla. Appien (De bello civili, l. I, c. 95, t. 11, p. 133, édit. Schweighæuser) compte avec plus d’exactitude quarante victimes du rang de sénateur, et seize cents de l’ordre équestre.