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la loi criminelle, à l’imperfection de laquelle peut-être il suppléait.

Peines et châtimens.

Tite-Live rapporte le supplice d’un dictateur d’Albe, qui fut écartelé par huit chevaux comme le premier et le dernier exemple de la cruauté des Romains dans le châtiment des crimes les plus atroces[1] ; mais cet acte de justice ou de vengeance s’exécuta contre un ennemi étranger, au milieu de l’ivresse de la victoire et par les ordres d’un seul homme. [Sévérité des Douze-Tables.]Les Douze-Tables offrent une preuve plus décisive de l’esprit national, puisqu’elles furent dirigées par les hommes les plus sages du sénat, et acceptées par le suffrage libre du peuple. Toutefois elles sont, ainsi que les statuts de Dracon[2], écrites en caractères de sang[3]. Elles approuvent la règle inhumaine et illégale du

  1. La narration de Tite-Live (I, 28) est imposante et grave. At tu dictis Albane maneres, est une réflexion bien dure, indigne de l’humanité de Virgile (Enéide, VIII, 643). Heyne, avec son bon goût ordinaire, observe que ce sujet était trop horrible, et que l’auteur de l’Enéide n’aurait pas dû le placer sur le bouclier d’Énée (t. III, p. 229).
  2. Sir John Marsham (Canon chronicus, p. 593, 596), et Corsini (Fasti attici, t. III, p. 62), ont fixé l’époque où vécut Dracon (Olympiade XXXIX, 1). Quant à ses lois, voyez les auteurs qui ont écrit sur le gouvernement d’Athènes, Sigonius, Meursius, Potter, etc.
  3. La septième des Delictis, dans les Douze-Tables, est développée par Gravina (Opp., p. 292, 293, avec un Commentaire, p. 214, 230) ; Aulu-Gelle (XX, I), et la Collatio legum mosaïcarum et romanarum, contiennent beaucoup de détails instructifs.