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lumières de l’école et du Forum n’étaient plus connus que des curieux, et ceux-ci même ne les connaissaient que par tradition. Trois cent soixante années de désordre et de décadence accélérèrent les progrès de l’oubli, et il y a lieu de croire que de ces écrits qu’on reproche à Justinien d’avoir négligés, la plupart ne se trouvaient plus dans les bibliothéques de l’Orient[1]. Les copies de Papinien et d’Ulpien, que le réformateur avait proscrites, ne furent plus jugées dignes d’attention ; les Douze-Tables et l’Édit prétorien disparurent peu à peu, et l’envie et l’ignorance des Grecs dédaignèrent ou détruisirent les monumens de l’ancienne Rome. Les Pandectes elles-mêmes n’ont échappé au naufrage qu’avec beaucoup de peines et de dangers, et la critique a prononcé que toutes les éditions et tous les manuscrits de l’Occident étaient tirés d’un seul original[2].

  1. Pomponius (Pandect., l. I, tit. 2, leg. 2) dit que, de Mucius, Brutus et Manilius, les trois fondateurs de la science des lois civiles, extant volumina, scripta, Manilii monumenta ; de quelques jurisconsultes de la république, hæc versantur eorum scripta inter manus hominum. Huit des sages légistes du siècle d’Auguste furent réduits à un compendium : de Cascellius, scripta non contant, sed unus liber, etc. ; de Trebatius, minus frequentatur ; de Tuberon, libri parum grati sunt. Il y a dans les Pandectes plusieurs citations tirées de livres que Tribonien ne vit jamais : et du septième au treizième siècle de Rome, l’érudition apparente des modernes a toujours dépendu des connaissances et de la véracité de leurs prédécesseurs.
  2. On assure que toutes les éditions et tous les manu-