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vité des sages Romains. Tribonien condamna à l’oubli la sagesse naturelle de Caton, de Scévola et de Sulpicius, tandis qu’il invoquait des esprits plus analogues au sien, les Syriens, les Grecs et les Africains, qui se rendaient en foule à la cour impériale pour étudier le latin comme une langue étrangère, et la jurisprudence comme une profession lucrative. Au reste, le prince avait recommandé à ses ministres de travailler[1], non pour la curiosité des amateurs de l’antiquité, mais pour l’avantage de ses sujets : ils devaient choisir celles des lois romaines qui étaient utiles et praticables ; et les écrits des vieux républicains, malgré leur mérite et leur intérêt, ne convenaient plus à un nouveau système de mœurs, de religion et de gouvernement. Si les maîtres et les amis de Cicéron vivaient encore, la bonne foi nous obligerait peut-être d’avouer qu’excepté sous le rapport de la pureté du langage[2], ils ont été surpassés en

  1. Un discours ingénieux et savant de Schulting (Jurisprudentia ante-Justinianea, p. 883-907), justifie le choix de Tribonien contre les accusations passionnées de François Hottoman et de ses sectaires.
  2. Si on ôte la croûte scientifique dont s’enveloppe Tribonien, et si on lui passe les mots techniques, on trouvera que le latin des Pandectes n’est pas indigne du siècle d’argent. Il a été attaqué avec véhémence par Laurent Valla, fastidieux grammairien du quinzième siècle, et par Floridus Sabinus, son apologiste. Alciat et un auteur anonyme, qui est vraisemblablement Jacques Capellus, l’ont défendu. Duker a recueilli ces différens traités sous le titre