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dans les académies de Rome, de Béryte et de Constantinople. Justinien adressa au sénat et aux provinces ses éternels oracles ; et, couvrant son orgueil du masque de la piété, attribua aux secours et à l’inspiration de Dieu l’exécution de ce grand dessein.

Éloge et censure du Code et des Pandectes.

Justinien n’ayant point recherché le mérite ni les dangers d’une composition originale, nous ne pouvons exiger de lui que de la méthode, un bon choix et de la fidélité, modestes mais indispensables qualités d’un compilateur. Entre les différentes combinaisons d’idées que présentent ses trois ouvrages, il est difficile de trouver de quoi asseoir un motif raisonnable de préférence ; mais comme il emploie dans chacun des trois une méthode différente, il est possible qu’elles soient toutes mauvaises, et il est sûr qu’il ne peut y en avoir deux de bonnes. Dans le choix des anciennes lois, il semble avoir vu ses prédécesseurs sans jalousie, et montre pour tous les mêmes égards : la suite n’en pouvait remonter plus haut qu’Adrien, et le consentement général du genre humain avait aboli les distinctions entre le christianisme et le paganisme qu’avait établies la superstition de Théodose : mais la jurisprudence des Pandectes est circonscrite dans une période de cent ans, depuis l’édit perpétuel jusqu’à la mort d’Alexandre-Sévère. On y cite rarement les paroles des légistes qui vécurent sous les premiers Césars ; on n’y trouve que trois noms du temps de la république. Le favori de Justinien (on le lui a violemment reproché) craignit de rencontrer la lumière de la liberté et la gra-